Avant, il n’y avait rien de rien. Ou peut-être pas grand-chose (moi je pense même que c’était moins que rien). Avant. Quelques détritus poussiéreux qui se
baladaient çà et là dans un espace a-structuré comme une vieille serpillère dégarnie et usagée. C’était le bof-univers avec un look de steppe russe désolée ou de parking de supermarché un
dimanche d’octobre dans une banlieue de Londres. C’était désolé. C’était avant.
Avant, quand je n’étais pas là, toute cette merde n’était pas là non plus. Je ne peux donc mesurer le chemin accompli sans moi. C’est une idée que
j’ai : plutôt vague, incertaine, imbibée des chauds Whiskies qui viennent la réveiller de temps à autre. Une idée d’alcoolique mondain : un truc bien brumeux qui n’évolue pas, mais qui,
par ses rémanents questionnements nous aide à vivre. Un manque d’idée fait idée. Le néant fait être.
Et c’est justement ce que je veux comprendre : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien.
Ne vous abusez pas sur mes propos désabusés : je ne vous apporterai aucune solution (même aqueuse), aucune clé de l’univers, aucun concept novateur.
D’ailleurs, comment un mec comme moi qui est enlisé depuis 50 ans dans les mouvants sables de la pensée pourrait-il vous éclairer un tant soit peu. L’émouvant sable de la
pensée ?
Vous vous dites que je dérive par rapport au questionnement initial, initial : d’avant. Sans doute. Je suis un dérivatif. Un dérive hâtif. Je tourne en
rond. Et ce serait bien une solution, celle de l’éternel retour.
Parce que, avant, quand il n’y avait rien, si c’était si bien que ça, pourquoi donc quelque chose s’est-il inopinément mis à être ? Pour faire chier le
monde ? Donc, je déduis qu’avant, avant l’univers, ce ne devait pas être cool. D’où le sens. Le sens de l’être. L’être du sens.
Le non être a dit : « Je vais être ». L’être pense « Je vais bien finir par ne plus être ». Yin et Yang. L’être c’est : l’être
et le non être. Et le mélange des deux c’est le temps….sans doute.