La racine de l’homme, son heimat, c’est son pré carré de terre qui, dans son imaginaire, est un dû inamovible. M.Sarkozy, quand il évoque la terre, n’emploie-t-il pas, du reste, un accent pétainiste ? Pétainiste et donc collaborationniste. Le nazisme, c’est ça : l’attribution ad aeternam de la terre à celui dont les ancêtres ont délimité les bords. Le racisme est là, dans ce droit imaginaire d’occuper le bon endroit à l’exclusion de tout autre. L’émigré ne peut guère y vaticiner qu’en s’excusant de sa « couleur » de peau.
La couleur, comme syndrome visuel de clivages bien plus pernicieux. Car on est tous racistes avec des copains noirs, l’un n’empêchant pas l’autre.
Et c’est effectivement une belle question que celle de l’identité nationale à partir du moment où on considère qu’un pays ne doit pas être figé, mais encaisser les flux migratoires. La notion d’appartenance à un pays, une terre, passe par le rejet : je ne suis pas Italien, je ne suis pas Allemand, je ne suis pas Autrichien, même si je suis européen, même si je me proclame citoyen du monde. Mon affirmation d’être d’un pays est le sommet d’une pyramide historique, d’un état de fait, d’un obscur aboutissement. Ma communauté est avant tout historique.
Par delà cette pub un brin démonstrative et simpliste (comme le racisme), le problème de l’exclusion et de la marginalisation existera tant que la notion de pays existera. On n’est pas quittes. C’est effectivement la quadrature du cercle. Des cercles : famille, tribu sociale, communauté villageoise, régionale, patrie. Nous sommes structurés de ces cercles, qu’on le veuille ou non. Et l’identité, à chacun de ces niveaux est l’implicite exclusion de ce qui risque de détruire d’un coup d’imaginaire pandémie migratoire. On redoute la perte d’identité justement.
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