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Lettre N°25 (première partie)

Un gros nuage noir est passé sur nous, comme la fumée d’un incendie de forêt, effaçant tout repère de sa brûlante suffocation. C’était douleurs dans un paysage indistinctement gris de fumeroles étourdies parmi les branches calcinées. J’ai beaucoup souffert de cet incendie où, si tu ne fus pas l’auteur de tous les foyers, tu fus tout de même une pyromane hargneuse à souffler sur les brûlots et à prier que le dieu Eole accomplisse son œuvre de destruction de ce qui fut la jolie forêt de nos relations. J’y pense encore, me remettant à peine de mes brûlures et scrutant cette période dévastée ou je ne dormais presque pas la nuit dans les poussières de mes émotions et les étincelles des maudits mots dits. Je regrettai et espérais tour à tour ; je vomissais en sanglotant nos fielleux échanges. C’était, pour moi, la fin d’un monde, la fin du monde. Je ne pensais pas que de ce territoire calciné renaîtraient d’abord quelques méchants retours de flammes puis un apaisant silence et enfin un semblant de renaissance. De bourgeonnement. Les ténèbres étaient tombées, je l’avais pressenti à ton attitude qui devenait agressive, à tes mots qui devenaient secs et cassants, voire même injurieux, méprisants. Te rendais tu compte que ce brouillard opaque nous empêchait de respirer et avait effacé de sa violente apparition tous nos anciens repères, nos connivences, notre aventure ? Etait-ce de volonté délibérée cette exacerbation, ces provocations réitérées afin que je sorte de mes gonds ? Je ne sais. En tout cas, une des pires périodes de ma vie. Tout était tapissé de cette lugubre noirceur de sentiments. Tout était mesuré à l’aune de l’échec de notre relation. Rien jamais ne repousserait de ce champ dévasté. Le miséreux automne était advenu qui enliserait à jamais mes espoirs de te voir toujours avenante et souriante, bienveillante envers moi. Un incendie automnal, voilà, c’est ça, précédant l’hiver désertique. Je ne voyais, en mes obscurs ressentiments, plus rien devant moi.
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