La mémoire.

Peut-être devrais-je classer cette vidéo dans ma rubrique « Le hamster de Léa », c'est-à-dire « animaux ». Sans doute. Mais je ne vais pas le faire, pourquoi ?

Cette petite expérience relate un apprentissage mnésique : on cache de la bouffe dans un gobelet et Mr Ecureuil va, avec un effort olfactif, retrouver le bon gobelet et ainsi se rassasier.

Forcément, ce surdoué de l’odorat, c’est cadeau pour lui qu’un tel exercice. Facile. Le gobelet au trésor est déniché très aisément.

Et là, le Monsieur qui fait l’expérience nous dit : OK, regardez bien, je vais placer le gobelet à bouffe ailleurs pour brouiller les pistes.

Vous, éthologue en chambre que vous êtes, de vous gausser : cela va être un jeu d’enfant pour Mr Ecureuil le renifler la supercherie, de refaire fonctionner ses naseaux à plein tube et de repérer le nouvel emplacement.

Et là, surprise ! Notre cornichon ne fait fonctionner que sa mémoire. Il a visualisé l’emplacement du gobelet et ne fait plus fonctionner ses naseaux. Il s’échine à déplacer le gobelet qui était à cette place là. Et ce, plusieurs jours de suite. Il pourrait très facilement faire fonctionner son odorat, mais il n’y pense seulement plus.

Ceci est une fable et vaut pour l’homme. Lors de tout apprentissage, nous déclenchons le plan vigipirate de nos sens. Nous sommes en éveil. Ligne directe avec nos sensations. Sensibilité exacerbée. Une fois la leçon apprise et mémorisée, nous ne faisons plus fonctionner que l’arc reflexe automatique de la mémoire implicite. Pourquoi ? Parce que c’est plus reposant que d’être en alerte permanente.

D’où nos erreurs de jugement. D’où cette maxime un peu pompeuse : l’expérience ne sert a rien devant un problème : elle le cache plutôt qu’autre chose. Dans ce cas, un autre écureuil retrouverait le gobelet du premier coup. On nous dit souvent que les animaux ont des sens bien plus développés que nous, encore faut-il qu’ils les utilisent. Et j’ai vu aussi pas mal de personnes dite « intelligentes » se cogner sans vergogne contre le même mur de ces certitudes…